mercredi 15 juillet 2009

Fastnet allo la terre?

Salut les amis bloggueurs !
c'est parti, on vous raconte la Fastnet. On est rentrées depuis un moment mais tout est encore bien frais.

Rozenn boucle donc la MAP, après un passage de la chaussée de Sein plus que tumultueux, nous voila donc qualifiées pour la Mini Fastnet qui part une semaine plus tard. Juste de quoi se remettre en forme pour la Rozenn (sans compter sur LA mauvaise nouvelle la veille de partir). Partira, partira pas, Anne-Laure est en mal de mer, alors en route!
Samedi, petit prologue dans la baie de Douarnenez histoire de se mettre en jambe. Tous les bateaux ou presque abandonneront prétextant les maux les plus divers pour ne pas rester empétolés jusqu'à tard la veille du départ alors que rien n'est prêt! On fait de même, faut pas qu'on rate le supermarché!
Petites emplettes: des gâteaux, du saucisson, du jambon, sans compter les lyophilisés, on peut tenir une semaine sans problème ! Allez, on se prend un petit apéro pour la passage du phare, sait-on jamais, des fois que ce serait vers 19h sous un beau soleil ;-)
Sans oublier ls mots fléchés ! Ah, fallait peut-être pas le dire ça ...
Une bonne nuit et c'est parti. Coté météo les prévisions sont assez clémentes jusqu'au mardi, où tout se corse avec un passage de dèp au sud de l'Irlande (le jour ou y'a pas de dep au sud de l'Irlande...!), puis retour à 'la normale'. En gros, aller au près, retour au portant avec réveil humide et venteux au Fastnet histoire de pas oublier qu'un Fastnet, ça se mérite!
Dimanche, maquillées (?!),habillées(?!), nous embarquons sur notre petit Alakaluf de compet'(?!).
Quelques Pogos 1 forment la flotte des séries, c'est bon pour nous!
Dimanche de régate assez paradisiaque, en plus, après un départ très moyen, on reste toute la journée sur la droite du plan d'eau ce qui nous vaut de ne pas quitter tout de suite le paquet malgrè notre mini foc dans 5nds de vent. L'option du soir nous réussit moins... on part à gauche pensant que la bascule va arriver dans la nuit... erreur! Du courant, pas de vent, on fait des sortes de bords carrés au portant dans la nuit. Au petit matin, tout le monde a disparu! pas drôle!
Pointage quotidien à la VHF auprès des voiliers accompagnateurs, un petit rythme du quotidien se met vite en place à bord. Vacation-météo-dodo-repas-calculs savants pour savoir s'il est pertinent de virer maintenant ou un peu plus tard (je me marre!)... Le vent est un peu revenu ce lundi et c'est au travers que nous avançons dans une mer un peu chaotique ( qui coûte quelques bouts dehors cassés à nos adversaires!). Nous nous dirigeons vers le rail d'Ouessant, puis vers les îles Scilly. Premier passage du rail pour la Kalufette Anne-Laure. Heureusement, Rozenn lui a bien expliqué le principe: "tu vois, c'est comme traverser l'autoroute en courant, mais en un peu moins dangereux", ahhh d'accord. Mais quand même ils sont gros les bateaux!!! Ca passe? ça passe pas? heureusement, on a du vent et il fait jour et clair (je veux dire, y'a pas de brouillard). La soirée est chouette. On passe le phare de Wolf rock entre Scilly et Angleterre. On avance, même si on voit personne! La deuxième nuit en mer est plus agréable que la première, le vent est établi, on peut dormir vraiment. Mardi, 3ème jour de mer. Si la météo du départ avait dit vrai, la nuit va s'annoncer costaud. On se prépare donc: on dort toute la journée! France Inter est en grève point de météo, mais on arrive à capter un bout de BBC. "Irish sea, ..." yeah, c'est notre zone. Mais il a dit quoi?!!! ahahaha! Du vent confirmé donc! Un bon lyophale pour la route, on s'habille chaud, on a bien dormi, l'anémo ne fait pas mentir la météo, ça monte progressivement, tandis que les kalufettes stressssssssssssssssssssent! "et les vagues elles vont être comment? c'est pire au Fastnet non?" On ne capte plus personne à la VHF depuis un bon moment ( 2 jours?), on a déjà perdu la notion du temps! comme dit je sais plus qui (Paul Morand, j'ai retrouvé), "la première chose qui tombe à l'eau quand on prend la mer, c'est le temps".
Nous voilà donc, à prendre des ris, à mettre notre tourmentin, sous la pluiepluie (et oui, la tempête c'est mieux sous la pluie!) dans la nuit bien noire... La lumière est halucinante, le Fastnet n'est plus sur notre route car nous avons abattu pour prendre les vagues 3/4 arrière, c'est plus agréable...(si tenté que l'on recherche l'agrément à 4h du mat trempées jusqu'aux os, à se prendre des paquets d'eau dans la figure!). On se relait toutes les 20-30 minutes, on ne tient pas beaucoup plus longtemps à la barre. Pendant ce temps l'autre se repose, allongée sur le spi, sous la couverture de survie, sans quitter le ciré bien trempé...hummm un pur délice. Heureusement, le Gulf Stream est là, du coup, les vagues sont moins froides que la pluie quand ça coule dans le dos (s'il faut choisir!). On entend quelques bribes choisies à la VHF, un tronc d'arbre flottant en plein sur notre route qu'un bateau vient de se prendre, des démâtages, des collisions...Rien de rassurant.
Le petit matin approche, on croise (on évite) 1 ou 2 bateaux qui reviennent du Fastnet, nous, il nous reste encore 15 milles quasi au près. Mais côté vagues c'est pas top. Côté forme, c'est pas non plus très top. Côté moral c'est encore pire! Et après tout ça faut rentrer, c'est pas le tout! On réfléchit vite et mal : et si on coupait le fromage? on gagne du temps, on fait la course avec les autres (et pas toutes seules derrière!), et on arrive pas 2 jours après tout le monde. On évite la grosse mer du Fastnet, qu'on n'est pas du tout sûre de pouvoir étaler, et on arrête de stresser. Au petit matin, Alakaluf fait demi tour. On vire, et cap sur Ouessant. C'est à partir de ce moment là que la course sympa s'arrête...



Le mercredi matin, on est dans le paquet, on arrive même à donner notre position VHF, c'est la fête! Enfin, quand on se regarde du coin de l'oeil allongées tête bêche dans Alakaluf, c'est un peu moins enjoy! On est congelées! Rozenn est à moitié malade, moi frigorifiée, je ne tiens pas en place au fond du bateau. Le vent s'est calmé, la mer pas trop! Elle ne se calmera d'ailleurs pas avant le passage d'Ouessant.
le soleil revient en début d'aprem et permet de nous sécher petit à petit. Je nous voyais bien mal en point à 3 jours de toute côtes, gelées, avec tout trempé à bord... Alors là on esquisse un sourire, on va pouvoir survivre!-) Merci soleil! Petit coup de VHF qui achève: on apprend que Faber France a déclenché sa balise SARSAT (balise de détresse)! Mais qui est sur Faber France? Thomas et Guillaume (ndlr : Thomas = chéri bibi d'Anne-Laure). Le soir, toujours pas de nouvelles du bateau accompagnateur sensé nous prévenir de la suite. On commence à se faire des films sur ce qui a pu se passer à bord du 667. On se dit que quand même, ces marins là ne sont pas des manches! Ils ne sont pas du genre à déclencher un balise pour un démâtage... on se dit tellement de choses... Le lendemain plus de vacation VHF on ne capte plus grand monde, la flotte s'est éparpillée. On n'ose même plus appeler le bateau accompagnateur. C'est pas trop l'ambiance à bord. Rozenn essaie de me remonter le moral mais bon...Alors on fait des mots croisés pour passer le temps! Je remercie Marjolaine de son judicieux prêt de bouquin, j'ai embarqué 'l'axe du loup' de Sylvain Tesson qui retrace la traversée qu'auraient fait certains évadés du Goulag, de la Sibérie à l'Inde. Moi je suis dans le désert de la mer [parenthèse animalière à propos de désert: nous avons vu: fous de bassant (l'aigle de la mer), poissons lune, bancs de poissons qui brillent dans le plancton phosphorescent, dauphins, petit oiseau noir ressemblant à une hirondelle du large mais qui n'en n'est pas] et Sylvain- qui joue à l'évadé 50 ans plus tard- est dans le désert de Gobi, en train de pédaler face au vent, toujours!
On arrive vendredi au petit matin à Douarnenez. Arrivée plus que glauque : sur le ponton, personne... Le 667 est amarré, il a l'air en bon état. Direction, le PC course. On apprendra non sans soulagement mais en rage totale, que non, en fait, la balise s'est déclenchée par erreur (pastille de sel, la bonne idée!) et que tout va bien... "mais faut pas s'inquiéter pour ça, franchement!" J'ai envie de tout casser, et Rozenn passe un savon au comité... Comité qui a perdu notre trace depuis plusieurs jours car notre balise de positionnement n'émet plus (ce qui explique que le bateau accompagnateur n'a jamais réussi à nous joindre, car ne pouvant pas nous localiser, il aurait eu bien du mal à se rapprocher de nous). On est là sur le ponton, 6h du matin, rincées, épuisées, soulagées, avec une furieuse envie de hurler. Le Fastnet, on l'a un peu oublié depuis 3 jours qu'on ne pensait plus qu'à arriver!
un peu amer le Fastnet...

2 commentaires:

  1. Les filles, une tonne de bravos! Et je pèse mes mots!
    Merci pour votre témoignage et votre histoire,
    elle plaira a vos petits enfants... Profitez bien du soleil cet été!
    A la joie de vous croiser,
    Cedric

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  2. Ouahhhh vous êtes trop impressionnantes !
    (même si je comprends pas tout ... c'est quoi un pétole, fastnet, VHF ... ). Enfin, je saisie quand même vos émotions !!! BRAVO !!!

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